Chirurgie mammaire

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Réduction mammaire et allaitement : est-ce compatible ?

La réduction mammaire fait partie des interventions les plus fréquentes en chirurgie esthétique de la poitrine. L’hypertrophie mammaire touche les patientes dès la fin de la puberté et peut engendrer des retentissements importants. Il est donc très fréquent d’opérer des patientes jeunes qui se posent la question de l’allaitement après l’intervention.

Reduction mammaire et allaitement

Dans quels cas de chirurgie mammaire l’allaitement peut être impacté ?

La chirurgie mammaire peut impacter l’allaitement par différents mécanismes. Les principales causes chirurgicales sont les suivantes :

  • Section des canaux galactophores
    Si la chirurgie implique une section ou un déplacement du mamelon avec interruption des canaux galactophores (qui transportent le lait), cela compromet la capacité du lait à atteindre le mamelon. C’est souvent le cas dans les techniques où le mamelon est complètement détaché, puis repositionné (greffe libre du mamelon / technique dite de Thorek)
  • Dommages au tissu glandulaire
    Lorsque une grande quantité de tissu glandulaire est retirée, les glandes mammaires productrices de lait sont partiellement détruites. Cela diminue la production de lait ou la rend insuffisante pour un allaitement exclusif
  • Lésions nerveuses
    Le nerf principal de l’aréole, le nerf intercostal latéral, joue un rôle essentiel dans le réflexe d’éjection du lait. S’il est endommagé, cela peut affecter le réflexe de succion et la production de prolactine

Il est donc important chez les patientes jeunes de préserver au maximum les chances d’allaiter. Il convient donc d’adopter des techniques chirurgicales conservatrices.

Les techniques qui conservent l’attachement du mamelon-aréole au tissu glandulaire par un pédicule (supérieur, supéro-interne, inférieur ou central) permettent souvent une meilleure préservation de la fonction lactée. Elles maintiennent une partie des canaux galactophores et des nerfs intacts.

Quelles sont les chances d’allaiter après une réduction mammaire ?

Les chances d’allaiter après une réduction mammaire varient considérablement selon la technique chirurgicale utilisée, l’importance de la réduction, et la capacité individuelle de lactation.

Il ne faut pas oublier que même sans chirurgie mammaire, il est malheureusement possible de ne pas pouvoir allaiter.

Taux de réussite de l’allaitement après réduction mammaire

Les études estiment que :

  • Environ 50 à 70 % des femmes peuvent allaiter au moins partiellement après une réduction mammaire
  • 30 à 50 % peuvent allaiter exclusivement, si les conditions sont favorables (technique conservatrice, suivi adéquat)
  • Moins de 20 % réussissent un allaitement complet en cas de greffe libre du mamelon

Les différentes études retrouvent des facteurs influençant la possibilité de lactation après la chirurgie de réduction mammaire.

Facteurs favorables :

  • Utilisation d’une technique avec pédicule aréolaire préservant les canaux et les nerfs
  • Réduction modérée, sans destruction massive de tissu glandulaire
  • Intervalle de temps important entre la chirurgie et la grossesse (les canaux peuvent partiellement se régénérer)
  • Accompagnement par un professionnel de lactation

Facteurs défavorables :

  • Technique avec greffe libre du mamelon / Thorek-
  • Réduction glandulaire importante (> 800 g par sein)
  • Chirurgie récente (< 2 ans)
  • Cicatrices internes affectant la vascularisation ou l’innervation

Allaitement après une réduction mammaire : quels risques ?

De nombreuses femmes s’interrogent sur les risques liés à l’allaitement après une réduction mammaire. Il est important de distinguer les conséquences pour le bébé et les effets possibles pour la maman.

Il n’y a aucun risque pour le bébé

L’allaitement, même après une chirurgie mammaire, reste parfaitement sûr pour le nourrisson.
Le lait maternel conserve toutes ses qualités nutritionnelles et immunitaires. Si la production de lait est partielle, un allaitement mixte (lait maternel + lait infantile) peut être mis en place, sans danger pour le bébé.

Quels sont les effets possibles pour la maman ?

Les conséquences concernent essentiellement la capacité de production de lait et des modifications esthétiques liées à l’allaitement, mais aucun risque pour la santé maternelle n’est à craindre.

Les difficultés possibles sont :

  • La quantité de lait peut être réduite, selon la technique chirurgicale utilisée
  • Certaines femmes peuvent devoir compléter avec du lait infantile, si la lactation est insuffisante

Les changements esthétiques :

  • Comme toute femme allaitante, une modification de la forme ou du galbe du sein peut survenir
  • Ces variations sont souvent modérées et temporaires, mais peuvent être plus marquées si la réduction est importante

Conseils pour maximiser la réussite de l’allaitement

Bien que l’allaitement puisse être partiellement perturbé après une chirurgie de réduction mammaire, de nombreuses femmes y parviennent avec succès. Voici quelques conseils pour maximiser vos chances de réussite.

1 Anticiper avant la grossesse (si possible)

  • Informer le chirurgien de votre souhait d’allaiter : cela peut influencer le choix de la technique chirurgicale (préférer les techniques avec pédicule aréolaire conservé)
  • Privilégier un délai d’au moins 1 à 2 ans entre la chirurgie et la grossesse : cela permet une revascularisation et reinnervation partielle du tissu mammaire

2  S’informer et se préparer

  • Consulter une consultante en lactation e n fin de grossesse : elle pourra évaluer vos seins, expliquer les signes de bonne succion, et préparer un plan d’accompagnement
  • Participer à des ateliers prénataux sur l’allaitement, pour connaître les gestes qui favorisent la montée de lait et la mise au sein

3  Démarrer l’allaitement le plus tôt possible

  • Faire une mise au sein précoce, idéalement dans l’heure suivant la naissance
  • Proposer le sein fréquemment (8 à 12 fois/24h) pour stimuler la production
  • Observer les signes d’une prise efficace du sein (bruits de déglutition, selles abondantes, prise de poids)

4  Soutenir la lactation

  • Utiliser un tire-lait électrique dès les premières heures si le bébé ne tète pas efficacement, ou pour compléter les tétées
  • En cas de faible production : envisager un dispositif d’aide à la lactation (DAL) pour donner du lait complémentaire au sein, tout en continuant la stimulation
  • Boire suffisamment, se reposer et favoriser le contact peau à peau, qui stimule la sécrétion de prolactine et d’ocytocine

5  Être bien entourée

  • Avoir un suivi postnatal rapproché par une consultante en lactation ou une sage-femme formée à l’allaitement
  • Ne pas hésiter à demander de l’aide rapidement en cas de douleurs , doute sur la quantité de lait, ou stagnation du poids du bébé